Nous entendons, de plus en plus parler ces dernières années de freins buccaux restrictifs et parfois même de frénectomie. Mais qu’en est-il réellement? Y a t’il des risques pour le bébé et l’enfant à plus ou moins long terme? Et, en quoi votre ostéopathe peut-il vous aider?
Qu’est ce qu’un frein buccal restrictif ?
Un frein buccal est une corde de tissu ou une membrane située dans la bouche qui relie deux structures. Il en existe 3 sortes :
- Le frein de langue: il relie la partie inférieure de la langue au plancher buccal.
- Le frein de lèvre: il relie la partie inférieure de la lèvre (supérieure) à la gencive.
- Le frein de joue: il relie la joue à la gencive. Il peut en exister d’un seul ou des deux côtés.
Les freins de langue et de lèvre sont présents chez tout le monde, pour les joues cela est aléatoire. Ils jouent un rôle important dans la mobilité de la langue et de la lèvre tant qu’ils restent fins et souples. Ils deviennent restrictifs à partir du moment où ils gênent la bonne mobilité et fonctionnalité de la structure sur laquelle ils s’attachent (langue ou lèvre).
Même s’ils paraissent être un sujet « à la mode », les freins restrictifs ont toujours existé. Une étude récente estime que 32% de la population seraient atteints.
Quelles sont les origines des freins buccaux restrictifs ?
Lors de la vie embryonnaire, la langue va se détacher du plancher de la bouche pour s’individualiser et ne laisse qu’un petit fil (frenelum) sous la langue. C’est le même principe que pour les doigts qui étaient palmés à la base. Lorsque ce phénomène ne se réalise pas correctement, il reste trop de tissu sous la langue et cela créé une adhérence. Le principe est le même pour la lèvre et les joues.
Plusieurs hypothèses existent concernant ce manque d’individualisation mais l’origine exacte reste inconnue:
- Un facteur génétique car il n’est pas rare de retrouver plusieurs membres d’une même famille avec des freins restrictifs.
- L’influence de l’alimentation de la maman pendant la grossesse (aliments industriels, transformés) qui modifierait le microbiote intestinal.
Quels sont les symptômes des freins buccaux restrictifs?
Il faut savoir qu’en fonction de l’anatomie du frein, c’est à dire de sa forme et des endroits où il s’insère les symptômes pourront être différents. De plus, il est nécessaire d’observer plusieurs symptômes avant de penser à un frein restrictif. Voici ceux que l’on retrouve le plus fréquemment.
Pour le bébé:
Dans le cadre de l’allaitement:
- Difficultés à s’accrocher au sein, petite ouverture de bouche.
- Bébé qui tète « tout le temps » avec des tétées qui durent longtemps (plus de 30min). La prise du sein étant mauvaise, elle demande beaucoup plus d’efforts au bébé, qui se fatigue énormément, ne prend que des petites quantités à chaque fois et donc a faim plus souvent.
- Bébé qui fait le « pic-vert », c’est à dire qu’il s’accroche et se décroche sans cesse car il n’arrive pas à maintenir le sein dans sa bouche.
- Bébé qui ne retrousse pas correctement ses lèvres.
- Ampoules ou cloques de succion sur les lèvres (bébé pince le sein pour compenser le manque d’ouverture de bouche ce qui augmente les frottements).
Qu’il s’agisse du sein ou du biberon:
- Mauvaise prise de poids.
- Sommeil agité, pleurs fréquents et difficilement consolables.
- Reflux et/ou coliques, hoquet liés au mauvais hermétisme lors de la prise du sein ou du biberon qui crée une ingestion plus importante d’air.
- Bruit de claquement de langue pendant la succion.
- Du lait coule dans la commissure des lèvres pendant la tétée.
- La langue reste blanche longtemps après la tétée (défaut de nettoyage de la langue contre le palais).
- Respiration bruyante, bébé dort bouche ouverte.
- Difficultés à garder une sucette ou à prendre la tétine du biberon.
- Torticolis, plagiocéphalie.
Pour la maman:
- Douleurs lors de la mise au sein.
- Crevasses, saignements.
- Canaux bouchés, engorgement, mastite.
- Vasospasme du mamelon: sensation de brûlure après la tétée qui dure, avec un mamelon aplati qui change de couleur (bleu/blanc/rouge)
- Baisse de la lactation. Cette diminution peut arriver parfois plusieurs mois après la naissance de bébé.
- Fatigue intense et sentiment de ne pas réussir à rassasier son bébé.
Quelles peuvent être les conséquences des freins buccaux à moyen et long terme?
Encore une fois tous les bébés, enfants, adultes présentant des freins buccaux restrictifs ne développeront pas obligatoirement ces problématiques. Toutefois, il est nécessaire d’avoir conscience que la mobilité de la langue et le mécanisme de succion/déglutition ont un retentissement sur le développement du crâne et la posture dans son ensemble.
- Troubles de l’oralité:
Si la langue a des difficultés pour bouger correctement dans la bouche, elle va moins bien la désensibiliser. Cela peut induire un réflexe nauséeux prononcé, une difficulté face à certaines textures et lors de la mastication. La diversification peut s’avérer difficile, avec des repas très longs et dans les pleurs.
Si la lèvre supérieure a des difficultés pour se retrousser l’enfant peut avoir du mal a vider intégralement la cuillère.
- Problèmes de dentition:
Un bébé commence à déglutir du liquide amniotique pendant la vie fœtale. C’est la langue lors du mécanisme de succion/déglutition qui vient modeler le palais. Dans le cas d’un frein de langue restrictif, la langue a plus de difficultés à s’élever et vient moins s’appuyer sur lui. On retrouve alors un palais beaucoup plus étroit, haut et creux qui laisse moins de place aux dents pour pousser.
Le frein de lèvre peut parfois s’insérer très bas au niveau de la gencive, entre les deux incisives centrales, entrainant ainsi un espace entre celles-ci. C’est ce que l’on appelle plus communément les « dents du bonheur ».
La présence d’un ou plusieurs freins restrictifs peut donc induire des problèmes orthodontiques.
- Troubles ORL:
Les personnes présentant un frein restrictif ont tendance à respirer d’avantage par la bouche. Or, un être humain est fait pour respirer par le nez. C’est lui qui réalise une première barrière contre les microbes, filtre et humidifie l’air. Lorsque l’on respire par la bouche cette filtration ne se réalise pas de manière optimale ce qui accentue le risque de troubles ORL (otites, angines, rhino..).
De plus, lorsque l’on dort avec la bouche ouverte, la langue a tendance à « s’écrouler vers l’arrière » ce qui vient obstruer les cavités respiratoires. Cela peut engendrer des ronflements et malheureusement à terme des apnées du sommeil.
- Troubles du langage:
Parler, nécessite une coordination entre les mouvements de la langue et des lèvres. Si la mobilité de l’un ou l’autre est restreinte par un frein, cela peut rendre plus complexe la prononciation de certains sons.
Chez certains adultes les freins restrictifs peuvent même générer à terme des douleurs de dos, des maux de tête, un sommeil perturbé ou du bruxisme par exemple. Il est bien sûr nécessaire d’éliminer tous les autres facteurs avant d’envisager cette piste.
Quelle est la prise en charge d’un frein buccal restrictif?
La prise en charge du frein restrictif doit absolument être PLURIDISCIPLINAIRE et réalisée par des professionnels spécifiquement formés aux freins buccaux restrictifs. Il peut s’agir d’une sage-femme, d’un pédiatre, d’un ORL, d’un kinésithérapeute, d’un ostéopathe, d’un chiropracteur ou d’un orthophoniste.
Ces professionnels seront en mesure de déterminer la présence d’un ou plusieurs freins restrictifs et de vous accompagner dans le cas où une frénectomie est réalisée.
Qu’est ce qu’une frénectomie?
Il s’agit d’une intervention dans la bouche qui consiste à venir sectionner le frein restrictif. Elle peut se faire aux ciseaux ou au laser et ne prend que quelques secondes/minutes. Il n’y a aucune restriction d’âge pour réaliser l’intervention. Elle peut se réaliser aussi bien chez un bébé de quelques semaines que chez un adulte, du moment que celle-ci est correctement préparée.
Prise en charge pré et post frénectomie
Avant la frénectomie: Il est nécessaire de réaliser une séance avec votre ostéopathe. Il va réaliser un bilan du corps et de la bouche de votre bébé afin de relâcher les tensions liées aux contraintes de la grossesse et de l’accouchement. Il vous expliquera les exercices et massages à réaliser en amont de l’intervention. Ces derniers ont pour but d’étirer doucement le frein, d’habituer la langue à réaliser de nouveaux mouvements mais surtout de vous familiariser avec. En effet, cela doit se faire dans la douceur, comme un jeu avec votre enfant. Il ne doit JAMAIS pleurer pendant les exercices.
Il sera judicieux en parallèle d’être accompagné par une conseillère en allaitement et/ou un(e) orthophoniste.
Après la frénectomie: Des exercices seront à réaliser plusieurs fois par jour (idéalement toutes les 4h) pendant 4 à 6 semaines. Les muqueuses dans la bouche cicatrisent très vite et il est primordial d’éviter que le frein ne se réattache.
Une consultation avec votre ostéopathe est recommandée 2/3 jours après la frénectomie puis 2/3 semaines après. Il pourra surveiller l’évolution de la cicatrisation ainsi que rééquilibrer les différentes tensions du corps. Bien sûr, votre ostéopathe restera à votre écoute si vous avez des difficultés à réaliser les exercices.
L’amélioration des « symptômes » et/ou de l’allaitement après l’intervention varie d’un bébé à l’autre. Bien souvent il y a une alternance entre phases d’amélioration et de régression pendant les premières semaines. La stabilisation s’effectue environ un mois après. Il est important que vous restiez accompagné et soutenu par les professionnels de santé qui vous entourent durant cette période qui peut être éprouvante.
En résumé
La frénectomie n’est pas toujours obligatoire mais parfois elle s’avère nécessaire. Il est important avant tout, de se faire accompagner par des professionnels correctement formés (votre ostéopathe à Muret a été formé par l’Institut Au Sein en Douceur) et surtout d’éliminer toutes les autres causes pouvant amener les symptômes cités plus haut. Le simple fait de travailler sur les tensions corporelles, et une rééducation orthophonique peuvent parfois suffire. Ne surtout pas se précipiter!